L'Académie
Française
© Photo Paris Match
L’Académie française se compose de
40 membres élus par leurs pairs.
Elle a pour but la rédaction d'un
dictionnaire censé donner le bon usage des mots et l'attribution de prix dont le
Grand Prix du Roman qui
ouvre la saison littéraire.
Depuis sa fondation, elle a reçu
en son sein plus de 700 membres. Elle rassemble des poètes, des romanciers, des
hommes de théâtre, des philosophes, des médecins, des hommes de science, des
ethnologues, des critiques d’art, des militaires, des hommes d’État, des hommes
d’Église, qui ont tous illustré particulièrement la langue
française.
Par sa composition variée, elle
offre une image fidèle du talent, de l’intelligence, de la culture, de
l’imagination littéraire et scientifique qui fondent le génie de la
France.
En 1978, le président de
l'Académie déclare :
" Notre compagnie s'honorerait de
compter parmi ses membres, Marguerite Yourcenar, l'un des grands écrivains du
siècle."
L’Académie française
enregistre alors la candidature de Marguerite Yourcenar au fauteuil du
philosophe Roger Caillois, décédé.
Marguerite Yourcenar déclare à un
journaliste qui l’interroge alors sur son éventuelle
élection:
« N’allez surtout pas donner l’impression que je suis saisie
de la fièvre verte. J’ai indiqué que je ne ferais pas acte de candidature, que
je ne ferais pas de visites, que je ne m’engagerais pas à passer un temps
déterminé en France ».
« Si dans ces
conditions, a-t-elle souligné,
ces
messieurs sont prêts à accepter pour la première fois une femme parmi eux, je ne
ferai pas à la France l’impolitesse de refuser cet
honneur. »
Trois autres candidatures ont été
enregistrées: celles de MM. Robert Mallet, Jean Dorst et Roger Ikor, mais, selon
les académiciens qui ont proposé la candidature de Marguerite Yourcenar, ces
trois personnalités s’effaceraient devant elle qui serait ainsi la première
femme à entrer à l’Académie.
Deux ans plus tard, l'Académie Française la sollicite afin qu'elle
rejoigne le prestigieux clan des "Immortels".
L’élection est prévue pour le jeudi 6
décembre 1980.
Une élection épuisante et où les
préjugés sexistes des confrères de Jean d’Ormesson ne manquèrent pas.
Outre le fait que Marguerite Yourcenar n’était pas candidate
mais qu’elle avait décidé d’accepter son élection, Jean d’Ormesson n’avait pas
imaginé la violence radicale de certains contre « la » femme.
Cette élection bouleverse alors les traditions de l'institution car
Marguerite Yourcenar, non seulement, devient la première femme à intégrer
l'Académie Française mais elle refuse par ailleurs de se soumettre aux usages
qui l'obligent à élire résidence près de l'édifice et à obtenir auprès
de ses pairs les votes nécessaires à son elligibilité.
Malgré tout, elle est élue en 1980 et
entre à l'Académie Française le 22 janvier 1981.
« Ce
n’est pas parce que vous êtes une femme que nous vous accueillons aujourd’hui
mais parce que vous êtes un grand écrivain
… »
Jean d’Ormesson, le 22 janvier
1981, recevant Marguerite Yourcenar sous la Coupole mettait fin à une misogynie
de plus de trois siècles.
L’Académie française qui avait
laissé à la porte George Sand et Colette offrait un fauteuil à l'écrivain du
Nord.
A l'approche de son
"sacre" elle dira:
" J'ai toujours été ennemie des
uniformes, alors je porterai une robe la plus simple possible mais j'espère
jolie...".
Voici la description qu’en fit le
critique Matthieu Galey :
« Grande houppelande
de velours, avec un col blanc et un châle, également blanc, sur la tête,
l’entrée de Marguerite est assez stupéfiante. »
A l'issue de cette
élection, les réactions furent partagées mais cette intronisation symbolique
marqua les mémoires.
© Photo La Voix du Nord
Costume de Marguerite Yourcenar
dessiné par Yves Saint-Laurent pour son entrée à l'Académie
Française.
Dolman et jupe de passementerie de velours noir. Blouse de crêpe
blanc. Cape de drap noir et mousseline blanche damassée de satin autour du
visage.
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